Retrouvez le premier billet de Philippe Bourke : Une courte nuit pour redonner du sens à ma mission…
Ce n’est pas ce que j’ai vu qui m’a surpris en arrivant à Marrakech. C’est ce que j’ai senti : une profonde et persistante odeur d’essence imbrulée. Dans les rayons du soleil couchant, on la voit aussi cette odeur. Et on l’entend.
Dominique Bourg – philosophe et professeur à l’Université de Lausanne – que l’on peut entendre dans une petite entrevue en ligne, souligne que « le drame avec les enjeux environnementaux, c’est que les problèmes auxquels nous sommes confrontés, malheureusement, on ne les perçoit pas avec nos sens. [… Or,] on va se bouger quand on est confronté à un danger immédiat qu’on perçoit bien avec nos sens, et ce n’est pas le cas avec l’environnement. »
Les changements climatiques, l’acidification des océans, la perte de biodiversité, ce sont des problèmes très graves qui menacent les conditions d’existence sur Terre. Cependant, comme il n’est pas vraiment possible de les voir, de les sentir, de les entendre, on ne réagit pas, ou presque pas.
Je comprends mieux aujourd’hui la nuance de l’affirmation de Dominique Bourg. La perception par les sens, c’est important, mais c’est de toute évidence insuffisant. Car ici, à Marrakech, la pollution de l’air, on la sent et on la voit très bien. Pourtant, ça ne semble inquiéter personne. Car personne ne perçoit de danger immédiat, de menace à court terme. En effet, la pollution de l’air par les hydrocarbures est une problématique sournoise qui n’en ai pas moins un vrai danger pour la santé humaine.
Ceci nous ramène à deux incontournables pistes d’action qu’il nous faut mettre en pratique pour résoudre les importantes problématiques environnementales et de santé publique :
- la sensibilisation et l’information : pour qu’on comprenne qu’il s’agit d’un véritable danger même si on ne le perçoit pas,
- la réglementation, le contrôle et les instruments économiques (droits, redevances, taxes, etc.) pour nous inciter à changer nos comportements malgré l’absence de signe perceptibles immédiats.