Comment envisagez-vous les médias de demain? C’est là une question tellement complexe que certains préféreront peut-être laisser aux spécialistes. En fait, tout le monde est impliqué — aussi bien les citoyens que les journalistes professionnels. Jeudi dernier, ces deux groupes se sont donc réunis pour “Créer ensemble le média de demain” dans le cadre d’un atelier animé par Place to B Canada et Ricochet Média.
Journalistes ou citoyens? Lorsqu’il s’agit de développer un prototype de média tourné ver l’avenir, il nous faut renoncer aux étiquettes. Dans cet esprit, 25 participants se sont réunis pour aborder les questions essentielles au coeur du débat. Comment les médias peuvent-ils éviter l’écueil du sensationnalisme? Quelles mesures pouvons-nous mettre en place pour empêcher les médias de vendre notre âme aux géants de la publicité? Quelles actions pouvons nous engager pour garantir que l’information reste objective? Comment encourager certains journalistes à explorer plus à fond leur sujet au lieu de se contenter de produire en série une multitude d’articles qui l’effleurent à peine?
La tâche est moins simple qu’elle n’y paraît: il faut définir une ligne éditoriale, choisir les sources à retenir pour le contenu et élaborer un plan financier. Autre difficulté: il faut faire passer le message sans le moindre mot.
Avec des noms tels que “Mediactive,” “La Cible,” et “Hélevonsnous” (prononcé “Hé! Levons-nous!”), les 4 groupes de partipants ont présenté leur prototype de médias alternatifs en se servant de moyens visuels. Ces initiatives seraient publiées sur des plateformes multiples afin d’encourager une collaboration plus étroite entre les journalistes et les citoyens, qui fourniraient des outils numériques plus efficaces pour vérifier les faits, qui offriraient un espace pour présenter des nouvelles positives, qui créeraient un lien avec les « milléniaux » et qui garantiraient une perspective critique et inclusive s’adressant au plus grand nombre.
La responsabilité qui incombe aux médias non seulement d’informer mais aussi d’éduquer le public était l’un des principaux points qui s’est dégagé du débat. “Il importe que les médias éduquent les citoyens et leur montrent comment ils sont influencés par les messages qui leur sont transmis,” a déclaré un participant.
Qu’ils travaillent pour Radio Canada, Les Alter Citoyens, L’Itinéraire, ou d’autres organismes, ou qu’ils soient de simples citoyens, tous les agents du changement présents étaient d’accord sur le fait que les médias devraient être construits en collectivité. A cette fin, il faudrait engager une conversation accessible à tous, plurielle et égalitaire entre les organes d’information, mais aussi entre ces derniers et le grand public.
En cette ère numérique, il importe également de voir comment nous pouvons créer un nouveau type de médias qui facilite l’établissement de liens physiques et pas simplement virtuels. Les médias sont un moyen idéal de cultiver les relations personnelles à une époque où la communication de l’information est devenue un processus de plus en plus impersonnel et individualiste.
Laure Cerisy, étudiante à l’école d’été de l’Institut du Nouveau Monde (INM), a avoué qu’au début de cette rencontre son scepticisme à l’égard des médias était tel qu’elle avait cessé de lire, la lecture de la presse, ne faisant rien pour élargir ses horizons. Mais à la fin de l’atelier, elle a déclaré, avec un large sourire, qu’elle était “maintenant beaucoup plus optimiste et prête à donner une nouvelle chance aux médias.”