Par Nicolas Isabelle, Webzine de l’école d’été INM
Fauchage de chaises dans les banques, occupation de commerces faisant usage de paradis fiscaux… Mercredi, des militants de Paris, de Berlin, de Londres et du Québec ont partagé leurs expériences de désobéissance civile dans le cadre du Forum social mondial qui se déroule cette semaine à Montréal.
Arthur Lauvergnier, un jeune Français engagé dans Attac-France, a ouvert la conférence en racontant son expérience de« fauchage de chaises », une série d’actions de désobéissance qui se sont déroulées à Paris en 2015 dans le but de dénoncer les milliards de dollars perdus dans les paradis fiscaux.
Des dizaines de militants avaient alors réquisitionné plus d’une centaine de chaises dans différentes banques de Paris pour démontrer que les citoyens sont en mesure reprendre ce qui leur appartient. En effet, Attac est un mouvement d’éducation populaire qui se mobilise contre l’hégémonie de la finance et la marchandisation du monde et pour la prise de pouvoir des citoyens.
L’initiative du fauchage de chaises a suscité un intérêt médiatique et provoqué la fermeture des filiales de la banque BNP Paribas aux îles Caïmans.
Pour participer et pour revendiquer
La désobéissance civile consiste à commettre une action illégale dans le but de démontrer son désaccord avec une politique, une loi, une action, ou même un projet d’une institution, qu’elle soit étatique ou non.
« C’est un moyen concret de participer à la vie politique et, dépendamment de l’originalité de l’action, c’est aussi un des plus efficaces pour revendiquer quelque chose », a fait valoir un des conférenciers, Philippe Duhamel, un militant québécois de longue date qui déjà, en 1998, prônait la désobéissance civile pour s’opposer au libre-échange économique.
« La désobéissance civile doit être pacifique » souligne Dumal. « Sinon, elle perd tout ce qu’elle a de civil. On utilise ce terme pour l’opposer au militarisme. »
Une pratique risquée?
Des participants se sont questionnés sur les risques encourus par les auteurs de telles actions, vu leur caractère illégal. Mais « une bonne organisation peut pallier les risques d’arrestation », affirme Pierre-André Champoux, de la Coalition Main rouge, un regroupement d’organismes syndicaux et communautaires qui s’oppose à la tarification et à la privatisation des services publics.
En effet, lorsque la désobéissance civile s’exprime de façon pacifique ou festive, les forces de l’ordre hésitent à procéder à des arrestations, de peur que l’opinion publique se retourne contre elles et les condamne. C’est pourquoi les actes de désobéissance gagnent à avoir un caractère festif afin de donner du souffle au militantisme.