Place To Brief : B the message

Publié le 30/11/2015

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A cette occasion, huit intervenants étaient venus discuter des messages qui entourent la problématique globale du dérèglement climatique. Question de lancement : « Pourquoi le dérèglement climatique, ce problème à la fois central et crucial, est-il si facilement occulté ? »

Cette question était au premier plan des nombreuses marches organisées dans le monde ce week-end. À Paris, l’annulation de la marche pour le climat programmée dimanche, suite aux attaques tragiques du 13 novembre, n’avait pas empêché les organisations Alternatiba, Coalition Climat 21 et Avaaz d’organiser des manifestations de solidarité et d’exprimer le souhait de se faire entendre.

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Gayané Adourian, en charge de la couverture live des événements pour Place to B, a compilé les photos des milliers de personnes qui ont formé une chaîne humaine pour le climat, sur l’itinéraire initialement prévu pour la marche, des chaussures qui ont recouvert la Place de la République pour symboliser et honorer les militants et citoyens privés de marche, ainsi que les messages aperçus sur les banderoles des marches organisées ailleurs dans le monde.  Dans l’album du jour, on aperçoit également les contestataires qui ont affronté les forces de police au moment où les manifestations pacifiques se dispersaient.

Andrew Boyd, activiste créatif et auteur du livre Joyeux bordel !, a rappelé que ce type de confrontations tient quasiment de la tradition, avant de discuter du rôle des actions créatives pour trouver et partager des messages individuels sur le dérèglement climatique.

Dans le cadre de l’activité artistique Un ruban pour le climat, il demande aux personnes de prendre un moment pour réfléchir à ce qui leur est cher et ce qu’elles espèrent ne pas perdre du fait de la crise climatique. Chacune écrit ensuite son message sur un long ruban de couleur, qu’elle accroche de manière visible, avec d’autres.  Elle peut ensuite récupérer le ruban-message d’une autre personne et l’arborer à son poignet : par cette activité, Andrew Boyd espère permettre aux personnes de partager leur désarroi, mais aussi leur espoir et leur solidarité face à un problème aussi complexe qu’immense.

La complexité n’est pas le seul facteur à compliquer la compréhension du dérèglement climatique par le public. La journaliste française Anne Tezenas du Montcel explique cette difficulté par la teneur des négociations de la COP : « Pour comprendre réellement ce qui se passe, il faut apprendre un nouveau langage, », explique-t-elle.  Mais ce langage est utile et nécessaire, selon elle, pour bâtir étape par étape et promouvoir des solutions qui puissent être acceptées largement par des pays dont les priorités sont extrêmement différentes.

Pour le Dr. Adam Corner, directeur de recherche pour Climate Outreach, l’existence d’un langage spécifique aux problèmes du dérèglement climatique peut constituer un frein majeur à l’engagement : « Les études réalisées nous le montrent clairement : dans l’esprit des gens, c’est l’ours polaire qui est le premier symbole du dérèglement climatique ; en revanche, lorsqu’ils lisent « désinvestissement », le mot ne leur parle pas et surtout, ils ne se sentent pas concernés. » Climate Outreach travaille en partenariat avec la Royal Society for the Encouragement of Arts, Manufactures and Commerce (RSA) dans le but de développer une nouvelle façon de « parler, penser et agir » sur le dérèglement climatique. Leurs travaux ont permis de dégager sept dimensions qui visent à trouver « la simplicité de ton appropriée pour exprimer un défi qui est le plus complexe au monde ».

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Ces sept dimensions ont dicté le cadre de fonctionnement de Place To B, dans sa mission pour refondre le récit climatique afin de le rendre plus inclusif et, tout en reconnaissant sa complexité, d’engager l’échange avec les personnes, les entreprises et les gouvernements sur ce que agir sur le dérèglement climatique avec conviction implique.

George Marshall, collègue d’Adam Corner chez Climate Outreach et auteur du livre N’y pensez même pas: Pourquoi nos cerveaux sont câblés de manière à ignorer le changement climatique, a reformulé ce défi et insisté sur le besoin de tirer profit des opportunités d’élaboration de nouveaux récits pour y faire face.

La dernière conversation organisée dans le cadre de ce premier Place to Brief réunissait Jean-Baptiste Comby, Maître de conférences en sociologie auprès de l’Institut Français de Presse de Paris II, et deux journalistes très impliquées sur le sujet du dérèglement climatique, Catherine Guilyardi (Radio France et BBC) et Charlotte Du Cann, éditrice artistique pour le Dark Mountain Project, et a tourné autour du rôle des médias dans le façonnement du récit climatique. « Les journalistes ne sont pas des experts, mais ils sont invités partout, » a expliqué Catherine Guilyardi, soulignant l’importance de communiquer sur la science du dérèglement climatique.

Jean-Baptiste Comby a remarqué que les personnes qui s’engagent le plus activement sur le problème du dérèglement climatique proviennent majoritairement de la même classe socio-économique qui, par de multiples manières, souhaite préserver un mode de vie actuel qui repose sur le système qui a créé et continue d’alimenter le problème. D’accord avec lui, Charlotte Du Cann a souligné un point essentiel : le fait que pour résoudre ce défi, nous devrons reconnaître et accepter qu’une grande partie de ce qui constitue nos vies actuelles doit changer.

Chaque élément de Place to B vise à modifier le récit autour du dérèglement climatique, en touchant de nouvelles audiences et en racontant de nouvelles histoires de nouvelles manières. L’équipe et la communauté de Place to B ont apporté leur propre créativité et leurs idées à ce premier Place To Brief,  à travers des improvisations proposées par des acteurs de la Creative Factory, et la projection de plusieurs vidéos. Le public (sur place et en ligne) a également été invité à poser des questions, qui ont nourri les échanges.

Vous pouvez visionner la vidéo des discussions sur notre site Web www.placetob.org et vous joindre à nous pour la diffusion en ligne du prochain Place to Brief, ce soir à 18 heures CET.

 

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