Terrabilis : un jeu vidéo pour une économie plus durable

Publié le 16/06/2015

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« Ce qui m’animait en créant Terrabilis, raconte Sylvain Hatesse, c’était de transmettre au public le plus large possible une vision à long terme, une pensée globale du développement durable, qui prenne en compte les interdépendances de notre système économique et écologique. »

Comprendre en s’amusant

D’abord engagé dans la protection des milieux marins, le cofondateur de Sly Frog Games a ensuite accompagné plus globalement des collectivités ou des associations sur leur Agenda 21, et des entreprises sur leur politique de RSE.

« Je suis passé des sciences fondamentales aux sciences humaines. Je me suis dit que personne n’était trop bête pour comprendre, si l’on faisait preuve de pédagogie. »

Sylvain pratique les jeux de rôle avec ses clients et l’approche ludique leur permet d’apprendre à mieux coopérer.

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Le jeu de société Terrabilis, où l’argent devient un moyen et pas une fin

L’idée de Terrabilis, un jeu de plateau, sorte d’éco-monopoly, germe dès 2005. Il crée son entreprise, Sly Frog Games, trouve une équipe et lance d’abord un jeu de mots pour se faire connaître. 12 à 15 000 boîtes de Mixmo sont désormais vendues chaque année! Ce carton leur permet de lancer Terrabilis, en 2011.

Il y avait deux écueils à éviter : le quizz élitiste et le jeu militant.

« Un jeu, c’est comme une recette de cuisine, explique son créateur. Le dosage de chaque ingrédient est important. Si vous mettez trop de tout, ça ne va plus. »

Sylvain Hatesse décide donc de ne pas « tout mettre » mais bien « l’essentiel » dans son jeu de développement.

Un discours responsabilisant

Quand on joue à Terrabilis, on apprend, fraîchement élu à la tête d’un pays, à faire des choix en connaissance de cause.

« Le jeu montre l’importance de ne pas penser qu’en termes économiques, mais bien de prendre en compte tous les autres facteurs : social, écologique, énergétique… » Il explique aussi au public les limites de la Planète. « On doit vraiment faire comprendre que si on va trop loin, de nombreuses espèces – nous y compris – peuvent disparaître. »

Illustrer aussi l’impact positif des décisions, pas seulement leur côté sombre, est un autre point important aux yeux de Sylvain Hatesse.

« On montre que chacun peut bénéficier des bons choix de ses voisins (un air plus pur, une biodiversité plus riche). Notre discours est responsabilisant, pas moralisateur. On dit aux gens :  » Tu as la liberté de faire ce choix (implanter une centrale nucléaire ou un champ d’éoliennes, choisir l’appât du gain plutôt que la santé de tes concitoyens…), mais désormais tu en connais les conséquences et tu ne pourras plus les occulter. » On remet aussi en cause le rapport à l’argent, en prouvant qu’il peut être un moyen et non pas une fin. »

Sylvain Hatesse emprunte à Edgar Morin sa pensée de la complexité.

« Ancien résistant, décloisonneur de savoir, c’est un penseur clé pour comprendre notre monde. Il est surtout non dogmatique et plein d’espoir. Pas un optimisme béat, plutôt une incroyable capacité à croire en l’improbable même quand tous les voyants sont au rouge. »

Soutenu par l’UNESCO, le ministère du développement durable et de nombreux partenaires, le jeu a fait son chemin : les 4000 boîtes autoproduites ont presque toutes été vendues. En tout, près de 70 000 personnes ont joué (familles, associations, collectivités…) à Terrabilis.

Un jeu vidéo pour changer d’échelle

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Le jeu vidéo de Terrabilis sera lancé au moment de la COP21.

La version numérique de Terrabilis, l’équipe l’a imaginée quand un représentant du Ministère du Développement Durable en a exprimé le besoin, en 2014, au salon du Livre écologique de la Bellevilloise (Paris).

« Les classes sont de plus en plus équipées d’ordinateurs et le Ministère ne trouvait pas d’outil adapté, pédagogique sans être simpliste. Il a financé une partie du budget mais nous devons trouver tout le reste ! »

Le jeu vidéo est plus grand public, même s’il est plus froid que le jeu de plateau. Lancé pour la COP21 en décembre, il sera gratuit et traduit dans plusieurs langues, en fonction du budget final.

« On espère multiplier par 10 le nombre de joueurs, pour toucher 700 000 personnes en un an. On sera fiers de voir un joueur coréen coopérer avec un Argentin pour développer son « pays » plus solidairement. Et on montrera que la France, ce pays du jeu vidéo, a un vrai savoir-faire. »

L’équipe est en pleine campagne de crowdfunding, sur la plateforme Ulule. Les partenaires qui offrent des contreparties (We Forest, Socialter, Terra Eco…) contribueront aussi au jeu vidéo à travers des animations et explications. Soutenir Terrabilis, c’est aussi un bon moyen de planter des arbres et de s’abonner pour quelques mois à des magazines engagés !

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